L’Assemblée nationale du Sénégal a connu une journée tumultueuse lors de l’adoption d’un projet de loi controversé qui permet une dérogation de l’article 31 de la Constitution, autorisant ainsi le président Macky Sall à prolonger son mandat de six mois supplémentaires après l’expiration initiale prévue pour le 2 avril 2024. Cette modification législative a également déplacé la date des prochaines élections présidentielles au 15 décembre 2024.
La journée a commencé à 11h dans une atmosphère relativement calme, marquée par une absence inhabituelle d’affrontements directs entre les députés de la majorité et de l’opposition. Après la présentation du rapport par le rapporteur général, le Président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, a encouragé un débat sur une question préalable concernant le projet de loi. Contrairement aux attentes, l’opposition a exigé que tous les députés puissent poser des questions préalables, ce à quoi le Président a finalement accédé. Cependant, ces questions préalables ont été rejetées, faute de majorité.
Le débat sur le fond du projet de loi devait suivre, mais a été brusquement annulé par le Président Amadou Mame Diop, qui a décidé de procéder à un vote public à main levée. Cette décision a provoqué une vive réaction de l’opposition, qui a contesté la rapidité du comptage des voix par le Président. Suite à cette contestation, un chaos s’est installé, menant à la retraite du Président de l’Assemblée pour plus d’une heure.
Le retour de Amadou Mame Diop n’a pas apaisé les tensions, et après une heure de discussions infructueuses avec l’opposition, il a fait appel aux forces de gendarmerie pour rétablir l’ordre, marquant la deuxième intervention de ce type dans l’enceinte du Parlement sénégalais sous cette législature. Les gendarmes ont retiré les députés de l’opposition qui manifestaient contre le vote, permettant ainsi l’adoption unanime du projet de loi par les députés présents, tous affiliés aux partis soutenant le gouvernement, Benno Bokk Yakaar et PDS.